Là-bas, au loin, vers l’horizon, la lune pleine et ronde s’étend sur la mer irisée. Un peu plus loin encore, la nuit prend des airs d’infini.
Accoudé à la balustrade d’un pont, je respire un air iodé clapotant sur les rochers en bas qu’une houle fragile fait échouer calmement.
Je ne me sens bien que seul. C’est un constat simple, évident pour moi, mais que pourtant j’ai tant de mal à faire comprendre à mes contemporains.
J’ai bien réfléchi et tout est là, dans ce regard que je jette au vide sidéral, ici sur ce pont. Il n’est pas question de narcissisme, de snobisme ou de quelconques prétentions, non !
J’ai essayé pourtant, mais je n’y arrive pas. Je leur trouve toujours quelque chose d’agaçant aux gens. Parfois, je m’agace moi-même, de ma façon de me comporter. J’ai voulu jouer l’adaptabilité mais je n’aime plus ne pas être moi. J’ai eu envie qu’on m’apprécie pour ce que je suis et non pas pour ce qu’on voudrait que je sois. C’est comme ça que je me suis retrouvé sur ce pont à jeter mes aigreurs dans les embruns du printemps.