Les nuits nouvelles 

Quand je te vois la nuit, courbée comme un soleil rompu, offrir un sein suintant, à ce morceau de nous, Quand je vois tes cheveux s’effondrer sans frasque dans l’obscurité de tes cuisses, enrobant notre enfant de ton amour éthéré, je me sens volubile comme un parfum éteint qui attendrait son heure pour aborder la terre. 

Je suis spectateur de vos silhouettes que la lueur des lampadaires vient faire danser sur les murs et les yeux mi-clos je me rendors en rêvant encore de vous. 

Nos nuits nouvelles se respirent à trois. Elles sentent le renouveau, l’espoir et quelques fois la patience. 

J’entends ses petits soupirs d’enfant repu et toi qui lui chuchote les raisons de notre amour. 

Dans ce cocon de tissu, notre petite troupe se coagule en un amas de molécules prêtent à former une nouvelle espèce, nous. 

L’héritage de Cioran

Bouillonnant devant les JT, je pouffe, soupire, m’exaspère devant le spectacle politique mondial et je me sens comme une molécule inoffensive dans un monde de virus mortel. Je me sens insignifiant, électeur déboussolé, fatigué par un système auquel je ne crois plus. 
Nos convictions et nos sentiments ne sont plus que des statuts jetés ici et là sur des réseaux sociaux dans lesquels ils se perdent parmi la foule des indignés. 

Nous signons des pétitions en masse, nous modifions nos avatars pour témoigner notre solidarité, parfois nous nous laissons prendre par un crowdfunding où nous laissons quelques euros histoire de se racheter une bonne conscience. Mais au fond, que fait-on ? Que fait-on sinon nous plaindre de notre sort, d’avoir une solidarité virtuelle, de fustiger nos gouvernants, les élites de ce monde, d’écrire des billets de blog comme celui-ci que personne ne lira dans lequel je reproduis ce que je critique ?
Je trouve que tout ceci révèle notre incapacité à nous rebeller assez longtemps pour que ce monde change ? Tout le monde est d’accord pour dire qu’aucun politique n’est à la hauteur mais il ne se passe rien. Les mêmes qu’on abhorre font campagne, l’un d’eux sera élu et rien ne changera à part nos droits individuels chaque fois un peu plus rognés. Nous avons déjà perdu !

Qu’avons nous fait de notre esprit de combat, du fait de prendre des risques ? Nous détacher de notre confort pour salir les rues de notre liberté chérie est un effort considérable. Alors oui, parfois on bat le pavé, mais les chefs d’états savent très bien que nous finissons toujours par nous épuiser. Ils ont la patience de leur côté et même si parfois ils font quelques concessions, au final, le peuple est perdant. Toujours !

Je ne suis même pas anarchiste, communiste ou je ne sais quoi, je suis désabusé. Tiens, je devrais fonder un parti « Les Désabusés ».
Je pense à notre vie, une vie courte et frêle dont on gâche le tiers devant des écrans à s’abrutir de choses imbéciles qui sont censées nous divertir pour que nous pensions moins à la fatalité de nos vies, étudier pour travailler, travailler pour subvenir à nos besoins et parfois s’enrichir un peu et puis mourir en laissant à l’état la moitié de ce que nous avons mis une vie à économiser.

Une vie courte et frêle qui ressemble à une course effrénée vers un pouvoir factice dont ne sait plus très bien définir les limites de la décence. Le pouvoir d’achat, quelle expression horrible !

Nous vivons dans une société de la division. On déstructure, dématérialise, démantèle, sectorise, communautarise, classe, ghettoïse… on réduit tout, format nano, une vie en binaire, protozoaires numériques n’attendant que sa prochaine évolution pour conquérir le monde informatique.

 On se laisse disparaître jusqu’à offrir nos vies à des « Clouds » rendant nos destins vaporeux, abstraits et finalement inexistants. Nos vies ne sont plus qu’une succession de jpeg encodés dans des applis protéiformes, succédanés de nous, regroupés dans des data-centers que des hangars secrets, obscures et moches conservent indéfiniment, et dans quel but ? Jusqu’à quand ? 

Nous ne sommes même pas assez convainquant dans notre volonté de protéger notre planète. Certains ne croient même pas à la pollution des activités humaines ou alors ils s’en fichent, prônant une société du tout industriel où seule l’expansion des marchés compte sans jamais penser à l’homme, à cette vie courte, frêle et unique. Nous nous sommes oubliés, pire, nous sommes nos propres bourreaux et aujourd’hui je nous observe nous détester, nous remuer dans un océan de déception et n’avoir en retour que le mépris des étoiles qui dans leur apesanteur se jouent de nous voir subir l’attractivité de nos angoisses. 

Cet univers manque de justice et d’équilibre et pourtant nous continuons d’espérer. C’est dingue comme l’homme est optimiste au fond. Malgré tout ce qu’il subit, il continue de croire qu’un monde meilleur est possible. Personnellement, je crois à la fin de notre humanité et que la nature finira par reprendre ses droits. Que ce soit dans 10 000 ou 100 000 ans, ça arrivera. Je vous ai foutu la pêche non ?